Arrimages, épisode 2 : La sécurité alimentaire au Centre-du-Québec

Le deuxième objectif du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est « Faim Zéro ». Au Centre-du-Québec, il existe une véritable volonté d’éliminer l’insécurité alimentaire. Bien entendu, il existe des organismes en aide alimentaire, comme le Comptoir alimentaire Drummond, qui offre des dépannages pour soulager la faim. Mais la sécurité alimentaire, ça va bien au-delà d’avoir de la nourriture à mettre sur la table. Dans cet épisode, notre agente de communication, Audrey Michel, s’est entretenue avec Catherine Villeneuve, agente de liaison en sécurité alimentaire à la Table intersectorielle en saines habitudes de vie du Centre-du-Québec, et Nathalie Belletête, directrice générale du Comptoir alimentaire Drummond. À travers cette entrevue, elles ont, entre autres, abordé :

  • Les définitions de sécurité alimentaire et d’insécurité alimentaire;
  • La réalité des usagers fréquentant les services du Comptoir alimentaire;
  • Les défis rencontrés par les organismes en aide alimentaire;
  • Les concepts de pyramide d’impacts populationnels et de système alimentaire durable.

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Notes d’épisode

(Enregistré à l’été 2022).

Ressources

Rencontres locales du système alimentaire durable

Pour suivre le Comptoir alimentaire Drummond

Musique par Coma-Media de Pixabay.

Transcription

Arrimages s’inspire des grandes lignes du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour présenter des actions et des initiatives qui se déroulent au Centre-du-Québec. Le deuxième objectif du programme est « Faim Zéro ». Encore aujourd’hui, l’insécurité alimentaire est présente au Centre-du-Québec. Heureusement, il existe des organismes en aide alimentaire, comme le Comptoir alimentaire Drummond, qui offre des dépannages pour soulager la faim.

Mais la sécurité alimentaire, c’est bien plus que simplement avoir de la nourriture à mettre sur la table. Notamment, la sécurité alimentaire est étroitement reliée au développement d’un système alimentaire durable. C’est de ces notions que nous allons discuter dans cet épisode. En plus de découvrir le travail du Comptoir alimentaire Drummond, nous allons en apprend plus sur la volonté du Centre-du-Québec d’éliminer l’insécurité alimentaire par la mise en place du Réseau pour la sécurité alimentaire au Centre-du-Québec.

[DÉBUT THÈME MUSICAL]

Bienvenue à Arrimages, la baladodiffusion du Comité régional en développement social du Centre-du-Québec. Mon nom est Audrey Michel et, à chaque épisode, je vais à la rencontre des gens et des organisations qui s’impliquent pour améliorer la qualité de vie de nos communautés.

Ensemble, explorons les dessous du développement social et son interconnexion avec le développement durable. De la concertation à l’action, découvrons ce qui se fait ici, au Centre-du-Québec.

[FIN DU THÈME MUSICAL]

Audrey Michel : Donc aujourd’hui je reçois 2 personnes pour discuter de sécurité alimentaire et je trouvais ça très intéressant de recevoir ces 2 personnes-là… parce qu’on a Catherine Villeneuve, qui est agente de liaison pour la sécurité alimentaire à la Table intersectorielle en saines habitudes de vie du Centre-du-Québec. Bonjour Catherine.

Catherine Villeneuve : Bonjour Audrey, merci de l’invitation.

Audrey Michel : Et on a également Nathalie Belletête, qui est directrice générale du Comptoir alimentaire Drummond. Bonjour Nathalie, merci d’être là.

Nathalie Belletête : Oui, merci beaucoup, merci à toi Audrey. Bonjour.

Audrey Michel : Donc je disais que c’est très intéressant de vous recevoir toutes les 2, parce qu’on va parler ensemble de sécurité alimentaire, mais je dirais qu’on va avoir 2 perspectives. On va avoir la perspective qui est davantage dans la concertation avec Catherine et on va avoir la perspective aussi, qui est oui dans la concertation, mais aussi dans le travail très terrain avec Nathalie. Donc je trouvais ça intéressant d’amener vos 2 points de vue, là, autour de cette discussion-là aujourd’hui. Donc on va commencer tout simplement par se demander « C’est quoi la sécurité alimentaire, comment ça se définit ? » Donc, Catherine, est-ce que tu pourrais nous éclairer là-dessus ?

Catherine Villeneuve : Oui, la sécurité alimentaire, c’est pas un concept qui est compliqué, mais c’est un concept qui est très très englobant, donc qui inclut beaucoup de dimensions. Donc la sécurité alimentaire, ça correspond à l’accès physique, mais aussi économique, à une nourriture qui est non seulement suffisante, mais aussi qui est saine et nutritive. Cette nourriture-là, elle doit permettre à toute la population de satisfaire ses besoins nutritionnels et ses préférences alimentaires. Le tout dans le but d’être capable de vivre une vie qui est saine et qui est active. Et attention, la définition, elle s’arrête pas là, elle inclut d’autres dimensions. Donc, pour que toute la population ait assez à une sécurité alimentaire, il faut que chacun ait l’aptitude en tout le temps d’acquérir des aliments, mais puisse aussi le faire d’une manière qui est éclairée : donc qui ait accès à une information, qui est simple, qui est fiable et qui est objective sur le système alimentaire et sur l’alimentation, et que chacun puisse le faire d’une manière qui respecte aussi la dignité humaine. Puis, qu’il puisse faire le tout au sein d’un système alimentaire qui repose sur des valeurs sociales qui sont justes, qui sont équitables, morales et sur un système alimentaire qui est durable. Et là, j’ai fini. [Rires.] Donc, vous voyez, c’est quand même pas un petit concept là. Ça inclut énormément de dimensions. Donc on peut le travailler de plein de façons différentes.

Audrey Michel : Merci. Je trouve ça le fun. Oui, c’est une longue définition, mais c’est de penser que la sécurité alimentaire c’est plus que d’avoir de la nourriture dans son frigidaire. Ça va au-delà de ça. Et il y a un concept aussi, hein, on parle de sécurité alimentaire, mais on parle aussi d’insécurité alimentaire. Est-ce que tu pourrais nous définir Catherine, c’est quoi l’insécurité alimentaire ? Est-ce que c’est l’inverse de la sécurité alimentaire ?

Catherine Villeneuve : J’aime que tu poses la question comme ça que j’allais justement dire que non, c’est pas le contraire ou l’inverse de la sécurité alimentaire. Donc l’insécurité alimentaire, c’est un accès qui est inadéquat ou incertain à des aliments en raison, par exemple, d’un manque de ressources financières. Donc c’est la conséquence d’un problème qui est vécu par certaines personnes au sein de la société. Ça peut aller de la peur de manquer de nourriture jusqu’à la privation de nourriture par exemple. Puis il y a certaines personnes qui sont plus susceptibles que d’autres de vivre des situations d’insécurité alimentaire. On peut penser aux personnes à faible revenu, aux personnes itinérantes, nouveaux arrivants, familles monoparentales, donc toutes les personnes qui vivent une situation de stigmatisation ou une certaine insécurité.

Audrey Michel : Merci pour la précision. Nathalie, est-ce que tu aimerais ajouter quelque chose par rapport à ça ?

Nathalie Belletête : Je pense que c’est très bien expliqué, très complet de la part de Catherine.

Audrey Michel : Excellent. Je l’ai mentionné, on va avoir 2 perspectives aujourd’hui : une plus concertation, une peut-être un peu plus terrain. Quand je parle plus concertation, c’est parce que Catherine, notamment, à titre d’agente de liaison, tu t’occupes de coordonner le Réseau pour la sécurité alimentaire au Centre-du-Québec, qu’on appelle plus couramment le RSACQ ou le Réseau parce que ça fait long à dire. Est-ce que tu pourrais nous expliquer c’est quoi le Réseau : un peu d’où ça vient la volonté de mettre sur pied un Réseau pour la sécurité alimentaire au Centre-du-Québec ?

Catherine Villeneuve : Oui, donc le RSACQ, comme tu l’as dit, c’est un espace de concertation intersectorielle. Cet espace-là, il s’inscrit dans la continuité de travaux en sécurité alimentaire au Centre-du-Québec. Donc vraiment d’une volonté partagée, d’avoir un espace où des acteurs divers en sécurité alimentaire puissent, en fait, réseauter. Donc on essaie d’avoir le plus possible des acteurs de milieux diversifiés. Donc des milieux agroalimentaire, municipal, communautaire, milieu de la santé, développement social, économie sociale, alouette. Donc vraiment essayer de regrouper le plus de personnes possibles autour de ce réseau-là pour avoir vision qui est la plus englobante possible du système alimentaire pour avoir toutes les perspectives. Puis le Réseau a été mis sur pied en 2020, puis il présente 3 objectifs. Donc le premier, c’est d’assurer une vigie de l’état de situation sur le territoire en sécurité alimentaire, de participer à la recherche de solutions puis finalement d’assurer une cohérence des actions locales et régionales en sécurité alimentaire. Donc on travaille à 2 échelles.

Audrey Michel : Merci beaucoup pour la précision. Nathalie, tu sièges d’ailleurs au RSACQ. Tu représentes la Table des ressources en aide alimentaire du Centre-du-Québec, ou la TRAACQ. On y reviendra un peu plus tard. Pour commencer, j’aurais aimé que tu nous parles du Comptoir alimentaire. C’est quoi votre mission, c’est quoi les services que vous offrez ? Puis, peut-être, nous parler un peu aussi des gens qui utilisent ces services-là.

Nathalie Belletête : Alors le Comptoir alimentaire Drummond est né en 91, de la volonté d’intervenants du milieu qui voyait vraiment les besoins grandissants au niveau du soutien alimentaire. Donc notre mission de base c’est vraiment de soulager la faim, contrer l’insécurité alimentaire, prévenir l’angoisse et l’anxiété. On l’a vraiment mis dans la mission aussi : prévenir l’angoisse et l’anxiété que peuvent causer le manque de nourriture et l’insécurité alimentaire. Donc on aide environ 1500 ménages par année. J’y reviendrai là. Pour ce faire nos services, ce sont des services de récupération alimentaire. Donc on a, avec un camion réfrigéré bien sûr, le mandat d’aller chez les entreprises alimentaires, parfois des producteurs agricoles, chercher des surplus alimentaires, les invendus. Donc on fait environ… on va chercher là, en moyenne, 150 000 livres d’aliments par année par la récupération alimentaire, pour ensuite la distribuer. Bien sûr, à ce moment-là ça passe par le tri d’aliment chez nous, l’empaquetage et tout ça.

On fait aussi de la transformation alimentaire à partir de cette récupération-là. On veut autant bonifier l’aide alimentaire avec la transformation que d’éviter le gaspillage. Donc au lieu de jeter la carotte qui est moins belle d’un bout, puis qui est mollasse, on va garder ce qui est beau, on va cuisiner. Fait qu’on a une belle cuisine de transformation alimentaire bien équipée. Donc on cuisine 15 à 20 000 livres d’aliments par année, qu’on va faire des soupes, des mets préparés. Donc autant pour donner plus aux familles dans l’aide alimentaire, dans le dépannage, que pour éviter le gaspillage.

Notre service premier, c’est la distribution alimentaire et, pour ce faire, on fait la récupération et la distribution — euh, et la transformation, je m’excuse, alimentaire. Pour la distribution, c’est les villages de la MRC de Drummond. On couvre notre MRC. Donc 1500 ménages environ par année sont bénéficiaires de l’organisme et ça varie d’une année à l’autre. C’est pas toujours les mêmes évidemment. Chaque année, on a environ 35 % qui sont des nouvelles demandes. Ce qui veut dire pour nous, c’est des gens qui, depuis l’ouverture en 91, ont jamais eu accès à nos services.

Et à ce moment-là, la différence, l’autre 65 %… ben ça tourne. Il y a des gens qui viennent pas pendant des années, oups, un épisode difficile, reviennent. Donc ça peut être des gens qui ont des problèmes de santé, qui sont en attente de revenus. Ça peut être des gens sur l’aide sociale qui pourront être en difficulté à joindre les 2 bouts, surtout avec le prix des logements présentement et la hausse du coût de la vie. C’est très difficile quand la marge de manœuvre est déjà très faible dans le budget. Comment on fait pour, après ça, être capable de combler tous les autres besoins, autres qu’alimentaires, qu’il faut absolument se prémunir : se loger, se vêtir. Donc, se nourrir c’est important, mais enfin avec un organisme, avec la banque alimentaire de Drummondville, à ce moment-là, donc au moins les gens ont une marge de manœuvre de dire : « Je peux pas couper sur mon logement, mais je vais aller chercher un appui du Comptoir alimentaire. »

Donc on a beaucoup de personnes seules parce qu’évidemment, à un seul revenu, c’est difficile. C’est environ 50 à 60 % par année qui sont des personnes seules. C’est difficile de rencontrer tous les coûts là quand on vit d’un seul revenu. Et aussi les familles monoparentales en garde temporaire. C’est difficile aussi pour ceux qui n’ont pas les prestations fiscales, les allocations familiales, mais doivent aussi quand même avoir un logement pour accueillir les enfants la fin de semaine. C’est des situations aussi qu’on voit régulièrement. On a aussi des familles, bien sûr, biparentales qui sont touchées soit par la maladie, des dépenses imprévues, des coups durs de la vie. Donc, le portrait est vraiment varié. On a des personnes qui sont vraiment plus désorganisées, des personnes comme certains problèmes de santé mentale aussi.

Donc tout ça, ça compose nos bénéficiaires. On n’a pas de critères… Comment je pourrais dire ? Nécessairement établi dans le sens où tu dois avoir soit de l’aide sociale ou soit X montants maximums par mois. C’est plus la situation globale qui fait qu’une personne peut être en situation vraiment d’insécurité alimentaire pour un laps de temps. C’est sûr que si les gens ont des revenus suffisants, on va rapidement référer ailleurs pour aller voir le budget puis travailler ce niveau-là. Donc nous, c’est une aide vraiment temporaire à ce moment-là, ça rentre pas dans les critères généraux de faible revenu. Mais sinon les gens appellent au Comptoir alimentaire pour prendre rendez-vous. Puis par jour, ce que ça signifie pour nous, c’est environ jusqu’à 80 ménages par jour qui ont un soutien alimentaire, un dépannage alimentaire. Je pense que j’ai pas mal fait le tour.

Audrey Michel : Ça met la table, si je peux prendre cette expression-là ! C’est beaucoup de gens, là, 1500 ménages par année. Puis, je trouve ça intéressant que tu mentionnes qu’annuellement, ça fait près de 35 % de nouvelles demandes. Puis de dire que c’est des situations variées qui vont faire que ces gens-là vont être amenés à faire une demande. Et dans la mission, tu parlais de prévenir l’angoisse et l’anxiété parce qu’on le sait : pas être capable de s’alimenter, pas être capable de donner suffisamment de nourriture à ses enfants, c’est une grosse source de stress et d’anxiété. Comment ça s’articule ça dans votre mission, de soulager ce stress-là, dans les actions que vous mettez en place ?

Nathalie Belletête : Évidemment, on travaille fort à avoir un dépannage qui est vraiment d’une belle composition. Un dépannage qu’on peut dire d’essayer d’être le plus complet possible pour correspondre à une semaine d’épicerie. Parce qu’on est très conscient que les gens qui viennent chercher de notre service, c’est des gens qui vivent l’insécurité alimentaire. Donc, si nous, on arrive pas à faire le mieux qu’on peut pour donner près d’une semaine d’épicerie, les moyens deviennent difficiles pour certaines familles. Donc là, oui, dans le concret, là c’est sûr que plus on peut donner un beau dépannage : avec une belle composition de différentes catégories d’aliments, suffisamment de viande, produits laitiers pour les enfants. On achète énormément d’aliments aussi pour arriver à ça. Pour vraiment contrer, justement, l’insécurité parce qu’on sait très bien, surtout pour les familles, mais même une personne seule, hein : si on sait pas ce qu’on mange demain, puisque je vais arriver vide, on va souffrir un petit peu d’anxiété, c’est certain. Mais imaginez quand on a aussi des enfants à envoyer à l’école, à prévoir le souper, tout ça. Donc au quotidien, on sent la détresse de plusieurs ménages. Surtout au début, quand ils sont vraiment… souvent, les gens attendent la dernière minute pour venir chercher du service. Ils espèrent se débrouiller, espèrent qu’une solution va arriver. Donc dans le début de l’aide alimentaire, on sent encore plus cette fragilité-là puisqu’ils ont pas encore pris le dessus. Mais effectivement, ça se traduit au quotidien, puis on fait du mieux qu’on peut pour offrir de beaux dépannages.

Audrey Michel : Je ne doute pas que les gens qui viennent chez vous reçoivent un excellent accueil et qu’ils ont les meilleurs paniers possibles. Ça, je n’ai aucun doute. Il y a une autre chose aussi que tu as mentionné qui m’amène sur ma prochaine question. Tu parlais entre autres qu’il y a beaucoup de gens qui vont se retrouver en situation d’insécurité alimentaire à cause de la hausse des coûts des logements. Ce qui m’amène à parler de la pyramide d’impacts populationnels des interventions en sécurité alimentaire. Donc Catherine, est-ce que tu pourrais nous expliquer c’est quoi cette fameuse pyramide ?

Catherine Villeneuve : Oui, la pyramide d’impacts populationnels, c’est un outil qu’on utilise pour classer nos actions en sécurité alimentaire. Comme on dit une pyramide, donc un triangle qui est divisé en 3 grandes catégories. Donc on a 3 grandes strates : on met le haut de la pyramide, le milieu, puis la base de la pyramide. Puis, les 3 sections, elles représentent chacune une échelle d’actions qui est différente. Dans le haut, on va voir l’échelle individuelle. Dans le milieu, l’échelle collective. Puis dans le bas, l’échelle structurelle.

Donc les actions qu’on place dans le haut de la pyramide, c’est des actions qui nous permettent d’avoir un impact à l’échelle individuelle. Donc, des initiatives avec des approches qui sont orientées autour de la personne. Par exemple, on peut penser justement à l’aide alimentaire, aux cuisines collectives. Donc c’est des initiatives qui permettent à des individus d’aller chercher soit de nouvelles compétences, par exemple en matière d’alimentation, ou encore d’atténuer les conséquences de l’insécurité alimentaire. Donc ça l’a des effets directs sur leurs caractéristiques personnelles ou sur leur parcours de vie en matière de sécurité alimentaire.

Le milieu de la pyramide concerne les actions qui vont nous permettre d’avoir un impact sur la sécurité alimentaire à une échelle qui est collective. Donc elles vont comprendre les actions qui permettent d’agir sur les environnements d’une population donnée pour améliorer sa sécurité alimentaire. Par exemple, on peut penser si on a un quartier qui dispose pas d’un accès à l’alimentation de proximité, puis qu’on vient ajouter une épicerie solidaire ; bien, tous les citoyens du quartier, sans distinction, vont avoir un accès à un commerce alimentaire de proximité. Donc c’est une action qui est un peu plus passive, qui est moins directe, mais qui permet à une collectivité donnée, soit un quartier, une communauté, une municipalité, d’avoir un accès meilleur à la sécurité alimentaire.

Puis finalement, la base de la pyramide, elle comprend les actions qui ont un impact structurel sur la sécurité alimentaire. Donc tu touches pas seulement une population donnée, comme des déterminants collectifs, mais qui ont un impact sur toute la société. Les actions dans ce sens vont contribuer à réduire les écarts socio-économiques entre les individus. On peut penser aux programmes qui permettent, par exemple, l’accès de tous aux services essentiels. Donc on parlait du logement, donc le logement, la santé, l’éducation, le transport. Tous ces services-là qui s’ils nous coûtent très cher, ça réduit le montant qu’on peut attribuer à l’alimentation. Si on réduit le coût de ces services-là, déjà on améliore l’accès à tous à la sécurité alimentaire. Ici, on peut avoir un impact qui est encore plus structurel sur la sécurité alimentaire, mais là, on peut aller augmenter le niveau socio-économique populationnel. Donc on travaille à ce que chacun des membres de la société ait accès à un revenu, un emploi ou une scolarité qui lui permettent une vie digne.

Donc en sécurité alimentaire, il y a des enjeux sur lesquels on doit agir à l’échelle individuelle. On n’a pas le choix, puis d’autres, à une échelle qui est collective. Donc c’est vraiment de penser toutes ces différentes échelles-là en complémentarité, puis de choisir sur laquelle on veut travailler selon les enjeux. Par exemple, on peut avoir une personne qui a accès à un revenu suffisant, mais qui a pas de commerce de proximité en alimentation ou inversement. Ou encore une personne qui a un revenu suffisant pour aller s’acheter de l’alimentation, mais pas pour le transport par exemple. Donc c’est de penser vraiment ces enjeux-là, d’une manière complémentaire. Puis voilà.

Audrey Michel : Merci Catherine. Pour les gens qui sont visuels qui auraient besoin de voir la pyramide : dans les notes d’épisode, je mettrai le lien vers l’illustration de la pyramide. Donc ça sera peut-être plus facile pour les gens qui sont visuels de bien situer tout ça. Le lien sera en notes d’épisode. Et là, je me tourne vers toi, Nathalie. Les actions du Comptoir alimentaire, avec l’explication de Catherine vient nous donner de la pyramide, ça se situe où dans cette pyramide-là ?

Nathalie Belletête : On est dans le haut de la pyramide, on est vraiment dans l’aide alimentaire directe pour le Comptoir alimentaire. C’est sûr qu’en sensibilisant la population, c’est un de nos mandats aussi — faut vraiment sensibiliser la population à toutes sortes de niveaux. Donc ça, ça l’aide quand même collectivement à travailler sur la sécurité alimentaire. Mais notre mandat premier, c’est l’aide alimentaire.

Audrey Michel : Excellent ! Bien, pas excellent qu’on ait besoin d’un organisme comme le vôtre. On aimerait, idéalement, on aimerait ne pas avoir besoin du Comptoir alimentaire. Mais justement, tu parlais de sensibilisation. C’est quoi les enjeux que vous rencontrez au quotidien ? Puis nous, comme collectivité, comment on peut vous appuyer là-dedans ?

Nathalie Belletête : Plusieurs enjeux, je vais essayer de quand même… dans les plus importants, de sélectionner. Pour les comptoirs alimentaires au travers le Québec, on est peu subventionné par les subventions qui s’adressent aux organismes communautaires. Il y a différentes catégories de subventions et différents secteurs d’activité. Puis, l’aide alimentaire, c’est peu financé. Donc c’est un enjeu. Faut toujours être visible. Faut toujours être en campagne de financement, pratiquement à l’année, être ingénieux, avoir le souci de faire toutes les actions, les initiatives possibles pour combler un budget. Parce que c’est environ là, sur un budget, pour moi c’est au niveau de Drummondville, c’est 25 à 27 % de mon budget annuel qui provient du gouvernement, les subventions. Donc le reste faut aller vers la population et les entreprises pour nous soutenir.

Sinon, le Comptoir alimentaire, on pourrait pas fonctionner. J’ai 80 ménages par jour, donc ça prend énormément de ressources humaines. Le tri d’aliments, la transformation alimentaire, le service à la clientèle. Chaque famille est reçue dans un bureau à chaque dépannage, donc ça je vais y revenir. Je le sais que ça va couvrir dans tes questions un peu plus tard dans l’entrevue, je vais y revenir. Mais comme ça prend énormément de ressources humaines, c’est un enjeu aussi. L’enjeu financier, mais l’enjeu des bénévoles, avoir suffisamment de ressources à chaque jour pour effectuer tout l’ensemble des tâches. Donc ça, c’est au jour le jour. Depuis que je suis directrice… avant j’étais coordonnatrice des services, je sentais vraiment que ma mission c’est soulager la faim, que c’était au cœur de mes tâches. Maintenant, en tant que directrice du Comptoir alimentaire, j’ai 2 missions. Oui, l’aide alimentaire, mais faut aller chercher les sous. C’est vraiment… pas un intérêt, mais une obligation quotidienne d’agir pour aller chercher le financement, pour donner du bon service.

Donc c’est pas mal les enjeux, c’est sûr que là, avec l’inflation du coût de la vie, on est confronté aussi à l’inflation de nos achats d’aliments, l’essence sur le camion. Tout ça, ça va aussi être des coûts supplémentaires dans le budget. Parallèlement à ça, il y a la baisse de la récupération alimentaire. Donc avec… c’est sûr qu’on peut pas blâmer les marchands épiciers et les commerces alimentaires de faire vraiment une gestion serrée de leurs produits. Donc, maintenant, il y a aussi des produits moches qui sont vendus, il y a toutes sortes de façons que les entreprises alimentaires prennent pour éliminer les pertes. Au bout de la ligne, on a un peu moins de récupération alimentaire aussi. Ce qui veut dire pour nous, plus d’achats d’aliments pour conserver la capacité à donner des dépannages quand même assez adéquats au niveau des besoins alimentaires.

Audrey Michel : Bon, bien, on prend bonne note de contribuer. Si on veut être bénévole, il y a de grands besoins au niveau du Comptoir alimentaire et si on veut donner aussi, bien c’est possible de le faire. Et moi, je note un élément : de dire que l’inflation va augmenter l’insécurité alimentaire des ménages, mais elle met également de la pression sur les organismes en aide alimentaire.

Nathalie Belletête : Effectivement. Je dirais aussi un autre enjeu qui nous vient en parlant, Audrey. C’est qu’avec la COVID, nous, on a dû repenser notre grand porte-à-porte de la Guignolée. Parce que bon, effectivement, la première année, c’était les mesures sanitaires très très strictes. D’avoir 1500 bénévoles à gérer en une journée, ça devient impensable dans les conditions d’isolement qu’on a vécu. Donc on a dû repenser cette activité-là. Et par la suite, bien on le fait de façon provisoire, mais par la suite, là, ce qui est arrivé, c’est que beaucoup de comités de bienfaisance qui nous aidaient à faire les papiers de Noël, qui avait un rôle important, ont dû fermer. C’est des personnes âgées, y a pas de relève. La COVID aussi ralentit beaucoup leurs activités parce que les personnes âgées étant plus vulnérables à attraper la COVID par rapport aux conséquences. Donc, nous, toute la main-d’œuvre qu’on avait pour faire les paniers de Noël, on en a perdu la moitié. Donc c’est une opération, la Guignolée, le porte-à-porte c’était pas juste la journée même. C’est tout le après aussi qu’il faut gérer : la distribution de 1500 paniers, faire ces papiers-là. Donc, finalement, de façon vraiment indéterminée, la Guignolée est remplacée, le porte-à-porte, par un objectif financier. Donc, c’est l’enjeu. C’est aussi encore plus important pour qu’ensuite on achète pour les paniers de Noël, on achète des cartes cadeaux. Donc c’est une belle chose par contre pour les familles d’aller choisir eux-mêmes ceux qu’elles vont manger, ce qu’elles préfèrent manger, leurs restrictions alimentaires. Les familles immigrantes ont d’autres, aussi, d’autres types d’alimentation. Donc c’est l’objectif financier qui va nous permettre de maintenant distribuer les paniers de Noël en certificat cadeau d’épicerie. Fait que ça permet d’être capable d’être en mesure de faire 1000 paniers. Là, je prépare mes cartes accompagnées d’une buche accompagnée, une buche des fêtes, avec un litre de lait, une petite carte de Noël. Et les bénévoles, ça prend quand même plusieurs bénévoles pour faire la livraison. Donc nous c’est un enjeu de dire : ben là, la Guignolée avait deux buts ; on allait chercher 200 000 livres d’aliments ; le deuxième but c’était d’avoir des denrées non périssables à l’année. Donc c’est vraiment l’objectif financier qui va nous aider aussi — l’objectif financier de la Guignolée à aller chercher — à faire les achats au fur et à mesure qu’on a besoin dans l’année de non périssable et de périssable pour offrir de beaux dépannages. Fait que c’est un autre enjeu. La COVID a fait que les comités de bienfaisance ont fermé. La main-d’œuvre est plus difficile aussi à mobiliser : les entreprises manquent d’employés. Fait que c’est difficile de dire « Oui, ils vont sortir 2-3 jours pour faire des paniers de Noël ». C’est pas évident. Donc on a dû repenser tout ça, ça a été quand même… On a eu de belles réponses pour l’instant de la population là. Je suis très très contente et reconnaissante de l’appui qu’on a.

Audrey Michel : Je suis d’entendre que la population répond à l’appel, puis qu’elle vous appuie là-dedans malgré les défis que ç’a pu représenter.

Nathalie Belletête : Il faut dire que si les gens veulent donner, je tiens à le dire, la Guignolée, si les gens veulent donner en denrées aussi chez les marchands épiciers, ça s’en vient ensuite au Comptoir alimentaire. On fait la récupération. On ramasse là, dans les paniers, à la sortie des caisses, les denrées. Les gens peuvent venir les porter dans les points de chute au centre de rénovation [inaudible], au Comptoir alimentaire. Parce que la Guignolée, comme j’expliquais tantôt, toute cette campagne-là, c’est aussi pour manger, pour offrir la nourriture à l’année. Donc, les conserves, si elles sont pas mis dans le panier de Noël comme tel, servent à l’aide alimentaire. Puis, c’est autant important de manger entre le jour de l’an et Noël suivant qu’entre les deux, tu sais. Donc, voilà.

Audrey Michel : Tout à fait. Merci de la précision. Donc c’est noté. Je reviens, je recule un petit peu tout à l’heure, j’ai mentionné qu’au sein du Réseau pour la sécurité alimentaire au Centre-du-Québec, tu sièges afin de représenter la TRAACQ, qui est la Table des ressources en aide alimentaire du Centre-du-Québec. Est-ce que tu pourrais nous expliquer un peu c’est quoi la TRAACQ ? Puis pourquoi les organismes en aide alimentaire du Centre-du-Québec ont souhaité se regrouper au sein de cette table-là ?

Nathalie Belletête : Bon, la Table, comme tu l’as noté, c’est des ressources en aide alimentaire du Centre-du-Québec ou encore les organismes en regroupement ou encore les organismes qui ont un volet important de leur mission qui sont de l’aide alimentaire. Donc on peut avoir un centre d’action bénévole parce qu’il y a un volet d’aide alimentaire. Donc, c’est des organismes vraiment qui ont une mission, un volet important au niveau de l’aide alimentaire.

Il y a eu des consultations qui ont été faites avant, c’est un peu un bébé du CRDS, du Comité régional en développement social, la TRAACQ. Et les consultations, soit le chantier « Famille et pauvreté », ont ressorti beaucoup les besoins de soutien en sécurité alimentaire et la problématique de sécurité alimentaire. De là est découlé d’autres consultations qui fait que les organismes ont été invités à participer à ça. Et le besoin de se regrouper, de se supporter, d’avoir une certaine mobilisation aussi, de faire ressortir la réalité des organismes en aide alimentaire, pour ensuite aller chercher une mobilisation des acteurs régionaux, locaux pour supporter l’aide alimentaire. Donc c’est vraiment… on n’a pas de regroupement au Québec des comptoirs alimentaires. Donc c’était dans le but de vraiment, ensemble, s’appuyer, se soutenir autant sur le besoin d’avoir de nouvelles connaissances au niveau formation, au niveau intégration des bénévoles, au niveau du financement. Donc c’était les grands buts, là, de s’aider ensemble, d’améliorer nos services et de les maintenir et les bonifier aussi au besoin. Donc, c’est des organismes du Centre-du-Québec, environ plus d’une vingtaine de membres font partie de la TRAACQ.

Audrey Michel : Puis j’imagine que les enjeux que tu nous nommais précédemment, c’est des enjeux qui doivent être quand même assez répandus, que c’est des enjeux qui concernent tous les membres de la TRAACQ.

Nathalie Belletête : Effectivement, effectivement. On est tous pris dans le tourbillon de la sollicitation et du financement et des casse-têtes des demandes de subventions, à gauche et à droite, qui existent, des fondations aussi — rechercher ce côté-là — pour aller chercher des sous qu’on a besoin pour offrir des services. Donc c’est le lot et la réalité de l’ensemble des organismes en aide alimentaire pratiquement.

Audrey Michel : Merci pour les précisions, Nathalie. Je comprends mieux maintenant d’où vient la Table, pourquoi elle a été mise sur pied, la TRAACQ, et je pense que c’est important que tu sois au sein du RSACQ pour représenter justement ces organismes-là et amener les enjeux que vous vivez autour de la table du Réseau pour que tout ce beau monde-là puisse collaborer, avoir conscience de votre réalité et pouvoir vous appuyer dans vos démarches.

Donc là on a parlé beaucoup d’aide alimentaire. Maintenant, j’aimerais qu’on prenne une perspective, peut-être un peu plus large, qui est, plus spécifiquement, le portrait-diagnostic du système alimentaire durable du Centre-du-Québec. Donc, c’est un portrait qui a été dévoilé en avril 2022. C’est une réalisation, si je peux dire ainsi, du Réseau de la sécurité alimentaire. Donc, Catherine, est-ce que tu pourrais, dans un premier temps, nous expliquer c’est quoi un système alimentaire durable ? Et, dans un deux temps, c’est quoi ce portrait-diagnostic là ? Puis d’où ça vient ?

Catherine Villeneuve : Oui, merci Audrey. En fait, le portrait-diagnostic dont tu parles, il s’est construit autour de 2 concepts centraux, soit la pyramide d’impacts populationnels dont j’ai parlé un petit peu plus tôt, puis le fameux SAD ou système alimentaire durable. Un système alimentaire durable, c’est un outil sur lequel on s’appuie pour favoriser la sécurité alimentaire. Donc, la façon dont on définit, c’est un réseau de collaboration entre toutes les parties prenantes d’un système alimentaire. Donc en partant de la production, puis en allant jusqu’à la valorisation des matières résiduelles, en passant par consommation, distribution, etc.

Donc, cette collaboration entre les parties prenantes du système alimentaire vise à améliorer la santé environnementale, économique et sociale d’une collectivité, donc nos 3 facettes du développement durable, finalement qui sont aussi importantes les unes que les autres. Cette collaboration-là entre les acteurs du système alimentaire, elle doit s’appuyer sur une gouvernance qui est ancrée dans le territoire, donc qui est territoriale propre au Centre-du-Québec, par exemple ici, quand on parle des systèmes alimentaires durables du centre du Québec ou encore par MRC par exemple.

Donc le fameux portrait-diagnostic du système alimentaire durable du Centre-du-Québec, dans le fond, c’est vraiment un inventaire de pistes qui existent en termes d’initiatives en sécurité alimentaire, mais aussi qu’est-ce qui existe comme acteurs du système alimentaire sur le territoire. Puis, ces données-là sont organisées pour former un rapport final ou un portrait de « c’est quoi qu’on a à travailler au Centre-du-Québec par rapport à la sécurité alimentaire, puis le système alimentaire durable ? »

Y a des enjeux comme faudrait favoriser, par exemple, l’autonomie alimentaire, la littératie alimentaire chez la population ou encore comment est-ce qu’on peut offrir des services qui sont plus intégrés aux populations vulnérables ? Donc il y a plein d’enjeux comme ça, puis de données qui sont présentées dans ce portrait-là.

Puis l’idée de faire un portrait du système alimentaire durable, elle est venue d’une volonté qui était largement partagée au Centre-du-Québec de se doter d’un outil pour voir « Mais c’est quoi l’état de la sécurité alimentaire sur le territoire ? » Donc, plus tôt, Nathalie parlait du chantier « Famille et pauvreté » qui a priorisé la sécurité alimentaire par exemple. Donc il y a eu des démarches comme ça de codéveloppement, notamment à la Table des MRC où il y a eu plusieurs chantiers, notamment le chantier des services de proximité. Puis, y en a plusieurs qui ont mis la sécurité alimentaire de l’avant comme un enjeu qui était prioritaire.

Finalement, les acteurs sur le territoire se sont dit « il faudrait vraiment un outil pour être capable de voir, mais comment est-ce qu’on oriente nos actions en sécurité alimentaire ? » Puis il y a eu un financement qui est descendu du Fonds Régions et ruralité qui a permis de, le fameux FRR, qui a permis de concrétiser cette idée-là du portrait-diagnostic.

Audrey Michel : Puis là, justement, tu parles que c’est venu d’une priorité régionale qui était la sécurité alimentaire, mais pourquoi système alimentaire durable ? Si on parle de sécurité alimentaire, c’est quoi la relation entre les deux ?

Catherine Villeneuve : Oui. Donc, on s’appuie sur un système alimentaire durable pour soutenir la sécurité alimentaire parce que cette collaboration-là entre les parties prenantes d’un SAD, donc d’un système alimentaire durable, permettent de penser des solutions pour réduire les coûts et les problématiques reliées aux différentes étapes de production, de transformation, de distribution, pour favoriser un meilleur accès économique physique à l’alimentation, qui est vraiment la base de la sécurité alimentaire. Puis aussi, de réduire le gaspillage puis de créer des synergies de l’économie circulaire. Donc, en misant sur un système alimentaire durable, on veut que l’alimentation locale ce soit un choix qui soit facile à faire, soit surtout économiquement et physiquement accessible.

Donc, voilà. Donc, on propose des solutions qui sont ancrées dans le territoire, qui sont adaptées aux réalités géographiques, sociales et économiques de la région parce qu’elles sont pensées ici. Donc, c’est vraiment d’enclencher une collaboration qui vient mettre de l’avant les personnes les plus vulnérables et comment ce qu’on est capable, tout le monde ensemble, en travaillant pour les plus vulnérables, de favoriser l’accès à une alimentation locale pour tous. Donc, en gros, c’est ça.

Audrey Michel : Merci pour la précision. Je sais qu’il y a 16 priorités qui ont été énumérées à la suite de la rédaction du portrait-diagnostic. On n’en fera pas nécessairement la lecture. Le portrait-diagnostic est disponible sur le site web du CRDS. Encore une fois, je vais mettre le lien dans les notes d’épisode. Donc les gens qui sont curieux, qui voudraient aller lire le portrait, qui voudraient aller voir quelles sont les priorités qui ont été identifiées pourront le faire. Mais justement là, on a cet outil-là qui a été publié. Maintenant, c’est quoi la suite ?

Catherine Villeneuve : En fait au niveau du RSACQ, on a la réalisation du plan d’action, donc la mise en œuvre un plan d’action au Réseau pour la sécurité alimentaire au Centre-du-Québec. Puis, dans un deuxième temps, on a la mise à jour du portrait-diagnostic et puis son déploiement. Donc, la priorisation dès l’automne de ces 16 enjeux-là dont tu parles, Audrey, localement par MRC. Donc des rencontres locales où on va prioriser de ces enjeux-là. Ça a déjà été fait au régional, donc maintenant on passe à l’échelle locale.

Audrey Michel : Excellent. Donc, dépendamment à quel moment sera diffusée cet épisode-ci, parce qu’il va être diffusé à l’automne, mais je sais pas encore quelles seront les dates des rencontres SAD locales. Mais si c’est après la diffusion de l’épisode, je vais mettre les dates. Comme ça, les gens pourront aller s’inscrire pour participer et faire entendre leur voix dans cette priorisation locale des enjeux. Et je te remercie vraiment Catherine pour nous avoir expliqué tous ces concepts-là qui sont pas nécessairement faciles à saisir. J’espère que ça l’aura éclairé les lanternes de certaines personnes. Puis qu’on comprenne que oui, on a l’aide alimentaire qui est notre pointe de la pyramide, mais si on veut enlever de la pression sur ces organismes-là qui font un travail extrêmement important, mais il faut qu’on s’intéresse aux autres strates de la pyramide pour mettre en place des solutions pour réduire l’insécurité alimentaire et que c’est ce système alimentaire durable que tu nous as tout expliqué, Catherine, qui nous permet aussi de favoriser un accès à l’alimentation locale plus aisément. Donc c’est beau de voir comment tous ces concepts-là finissent par s’imbriquer les uns dans les autres. Donc merci pour tes lanternes.

On arrive déjà vers la fin de notre entretien d’aujourd’hui et j’aime toujours terminer sur une note, disons, inspirante. Donc j’aimerais savoir Nathalie, est-ce qu’il y a une action ou un projet qui a été réalisé par le Comptoir alimentaire dont tu es particulièrement fière que t’aimerais faire rayonner.

Nathalie Belletête : Au moment où qu’on se parle, on n’a pas encore débuté, mais il y aura des concertations en cours d’été. Nous allons débuter cet automne, peut-être fin août, septembre, la distribution d’aliments dans certains villages qui sont considérés comme étant des déserts alimentaires. Donc, on veut travailler à aller vers certains villages. C’est sûr qu’on pourra pas tout couvrir les villages de la MRC et certains ont plus de capacités, aussi, d’aider eux-mêmes leurs habitants de leur village. Donc, on va cibler les villages les plus en besoin et on va aussi maintenant se déplacer pour aller porter de l’aide alimentaire dans ces villages-là, avec la participation des gens du milieu. Donc, ça, je suis particulièrement fière qu’on mette ça de l’avant. On a une subvention aussi pour nous aider à avoir un autre camion cube réfrigéré pour qu’on puisse, parallèlement à notre récupération alimentaire qui parfois, c’est aussi en après-midi, qu’on fait la récupération. On va à Moisson Mauricie Centre-du-Québec, des choses comme ça. Donc, parallèlement à la récupération, on avait besoin d’un autre camion pour distribuer. Fait qu’on a eu quand même un bon soutien au niveau… on a cherché une subvention au niveau du… le nom m’échappe présentement, ça va me revenir… Les structures d’alimentation locale. Donc, voilà, ça va aider à couvrir les frais du deuxième camion, mais là, c’est sûr qu’il y aura des frais supplémentaires d’essence et d’organisation, mais on va regarder ce qu’on peut faire aussi pour aller chercher du financement de ce côté-là. Fait que je suis particulièrement fière parce qu’on sait que dans certains villages, il y a des gens que c’est très difficile pour eux de se déplacer et de venir à Drummondville. Certains villages ont moins d’organisation comme telle au niveau du village même. Donc il y a des gens qui souffrent de la faim malheureusement, qui sont isolés.

On a des moyens temporaires, depuis toujours, qu’on a. On peut dépanner là, mais c’est toujours à la pièce, de chercher une solution pour aller porter un dépannage dans tel village. Je connais quelqu’un qui habite là, travaille à Drummondville… fait qu’on va venir le structurer. On va être capable de répondre davantage à certaines situations d’insécurité alimentaire importantes. Voilà pour l’instant.

Audrey Michel : Je suis heureuse d’entendre que ce service-là va être offert maintenant dans les municipalités, je pense que c’est important. Je pense que c’est bien d’avoir un meilleur accès à vos services de cette façon-là. Puis, j’ai bien hâte de voir comment tout ça va s’articuler cet automne. Donc je vais rester à l’affût pour voir comment avance ce projet-là. Donc on est arrivé à la fin, je prends encore le temps de vous remercier. Merci Catherine. Merci, Nathalie, c’est très intéressant d’échanger avec vous. Et j’invite les auditeurs et les auditrices à aller consulter les liens qu’on a mis dans les notes de l’épisode, des différents concepts qu’on a parlé, mais aussi d’aller contribuer à vos organismes d’aide alimentaire, que ce soit le Comptoir alimentaire Drummond, que ce soit un autre organisme qui se sur votre territoire, je vous invite à soit aller vous impliquer bénévolement ou à aller faire un don en aliments ou un don monétaire. Il y a plusieurs façons de les supporter. Donc c’est là-dessus que j’aimerais terminer l’entrevue d’aujourd’hui. Merci beaucoup.

Nathalie Belletête : Merci Audrey.

Catherine Villeneuve : Merci beaucoup Audrey.

[DÉBUT DU THÈME MUSICAL]

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[FIN DU THÈME MUSICAL]