Arrimages, épisode 3 : La saine alimentation et le projet Les Petits ambassadeurs

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Notes d’épisode

(Enregistré à l’été 2022).

Musique par Coma-Media de Pixabay

Transcription

Arrimages s’inspire des grandes lignes du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour présenter des actions et des initiatives qui se déroulent au Centre-du-Québec. Le troisième objectif du programme est « Bonne santé et bien-être ». Nous aurions pu aborder cette thématique de plein d’angles différents, mais celui que nous avons retenu est la saine alimentation. Pourquoi? Parce que la saine alimentaire est étroitement liée à la sécurité alimentaire qui était justement au cœur du précédent épisode. En plus de faire le pont entre les épisodes, c’est aussi l’occasion parfaite de discuter d’une initiative qui a officiellement débuté en 2021 et qui récolte maintenant ses premiers fruits. Il s’agit du projet Les Petits ambassadeurs.

[DÉBUT THÈME MUSICAL]

Bienvenue à Arrimages, la baladodiffusion du Comité régional en développement social du Centre-du-Québec. Mon nom est Audrey Michel et, à chaque épisode, je vais à la rencontre des gens et des organisations qui s’impliquent pour améliorer la qualité de vie de nos communautés.

Ensemble, explorons les dessous du développement social et son interconnexion avec le développement durable. De la concertation à l’action, découvrons ce qui se fait ici, au Centre-du-Québec.

[FIN DU THÈME MUSICAL]

Audrey Michel : Aujourd’hui, nous allons discuter de saine alimentation. Et pour ce faire, je reçois 2 invitées. Il s’agit de Ève Beauregard, agente de développement et responsable des Petits ambassadeurs à la Table intersectorielle pour les saines habitudes de vie du Centre-du-Québec (ou plus communément appelée la TIR-SHV). Bonjour Ève, merci d’être là.

Ève Beauregard : Bonjour Audrey, merci de l’invitation.

Audrey Michel : Je reçois également Claudia L. Tourigny qui est nutritionniste à la Direction de la santé publique et responsabilité populationnelle du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Bonjour Claudia, merci d’être là.

Claudia L. Tourigny : Ça me fait plaisir, merci de l’invitation.

Audrey Michel : Donc, comme je l’ai dit, on va parler aujourd’hui de saine alimentation. Je dirais que l’entrevue va se dérouler en 2 blocs. On va avoir un bloc peut-être un peu plus théorique, où est-ce qu’on va définir qu’est-ce que la saine alimentation, les différents concepts auxquels c’est relié. Et ensuite, on va parler d’un exemple concret qui est le projet des Petits ambassadeurs. Mais avant toute chose, j’aimerais en apprendre un peu plus sur vos organisations. Donc, on va commencer avec toi, Ève. Est-ce que tu pourrais nous parler de ce qu’est la TIR-SHV et quelle est sa mission ?

Ève Beauregard : Oui, absolument. La TIR-SHV, c’est une table de concertation régionale qui rassemble différentes directions régionales de ministères et des organisations régionales qui, eux, ont comme mission de soutenir les environnements favorables aux saines habitudes de vie. Donc la TIR-SHV, au Centre-du-Québec, est présidée par la Direction de santé publique et responsabilité populationnelle du CIUSSS MCQ. Donc c’est vraiment notre partenaire de premier plan. D’où la raison pourquoi j’ai invité Claudia à l’entrevue. Et les autres membres de la TIR, je vais les nommer rapidement, mais c’est important de le mentionner parce qu’il y a beaucoup de membres intersectoriels autour de la table. On a également vous, le CRDS, qui sont membre ; on a le Conseil régional de l’environnement, Loisirs Sport Centre-du-Québec, le MAMH, le ministère de la Famille, le MAPAQ, ministère des Transports. On a aussi les 2 centres de santé des communautés abénaquises, donc Odanak et Wôlinak. Et on a aussi les tables des directions générales des centres de services scolaires, le Regroupement des centres de la petite enfance et les réseaux du sport étudiant de la Mauricie et des Cantons-de-l’Est. Donc ça fait beaucoup de monde autour de la table pour parler des saines habitudes de vie.

Puis la mission de la TIR-SHV, c’est vraiment de stimuler et de soutenir la mise en place d’un environnement qui favorise l’adoption et le maintien d’une part de la saine alimentation et, d’autre part, d’un mode de vie physiquement actif pour l’ensemble de la population.

Simplement, vous mentionnez aussi qu’il y a une TIR-SHV par région administrative au Québec et nos plans d’action régionaux sont financés dans le cadre de la politique gouvernementale de prévention en santé du ministère de la Santé.

Audrey, je prendrais aussi quelques minutes juste pour expliquer aux auditeurs qu’est-ce qu’on veut dire par environnement favorable aux saines habitudes de vie. Ça peut être chinois ou un nouveau concept, là, pour certaines personnes. Donc ça veut tout simplement dire qu’on veut rendre les choix sains plus faciles, plus accessibles à faire, et les choix moins sains, plus difficiles à faire pour les individus. Donc je donne, je nomme quelques exemples concrets. Ça pourrait être notamment une réglementation qui interdirait la malbouffe autour des écoles. Donc, comme ça, on enlève le choix des élèves d’avoir accès à cette alimentation moins saine. Ça pourrait être aussi des subventions pour aménager des jardins collectifs. Ça pourrait aussi être des machines distributrices qui soient localisées dans des arénas où on a accès, dans ces machines-là, à des aliments de valeurs nutritives élevées, pas seulement des barres de chocolat par exemple. Et un dernier exemple, ça pourrait aussi être dans les dépanneurs où on retrouve des fruits, des légumes accessibles au consommateur. Au final, c’est vraiment de créer des conditions autant socioculturelles, économiques, politiques et physiques qui sont favorables aux saines habitudes de vie et de réduire, voire éliminer, les conditions qui sont plutôt défavorables. Donc voilà.

Audrey Michel : Excellent, merci beaucoup pour la précision. Maintenant, je te regarde Claudia. Je l’ai mentionné, tu es nutritionniste à la Direction de santé publique et responsabilité populationnelle du CIUSSS MCQ. Est-ce que tu pourrais nous expliquer c’est quoi, un peu, ton rôle à titre de nutritionniste au sein de la Santé publique ?

Claudia L. Tourigny : Oui. En fait, la santé publique, c’est une grande famille qui se divise en plein de sous petites familles. Et moi, j’ai fait partie de l’équipe d’action intersectorielle et communautaire. En fait, on agit dans une approche de prévention et promotion des saines habitudes de vie. Plus particulièrement, j’agis à titre d’expert-conseil en soutien en alimentation pour les milieux scolaires, municipaux, de travail, de la petite enfance. Ça inclut également tout ce qui est organisme communautaire, ainsi que tout ce qui se rapporte au système alimentaire durable et à la sécurité alimentaire. Un des principaux objectifs de mon travail, c’est de transmettre mes connaissances et de soutenir les milieux dans la mise en place d’un environnement favorable à la saine alimentaire.

Audrey Michel : Super merci, beaucoup. On l’a mentionné, l’environnement favorable à la saine alimentation — Ève nous a défini un petit peu qu’est-ce que ça veut dire et quelques exemples concrets — mais quand on parle de saine alimentation, c’est de quoi qu’on parle exactement ? Comment ça se définit la saine alimentation ? Claudia, est-ce que tu pourrais répondre à cette question ?

Claudia L. Tourigny : Certainement, mais en fait, la saine alimentation, ça mise sur une variété d’aliments de haute valeur nutritive tout en laissant la place à tous les types d’aliments. Donc c’est faux de penser qu’il y a des mauvais aliments, puis des bons aliments. Tous les aliments qui existent ont leur place dans le fond. Tout est une question de fréquence et de quantité.

Au-delà de la valeur nutritive, il y a aussi le contexte des repas qui est à pas négliger, parce que les aliments ont aussi une valeur gastronomique, culturelle et affective. Le plaisir de manger, dans le fond, doit être au rendez-vous n’importe quand. Cela étant dit, les divers milieux doivent présenter une offre alimentaire en cohérence avec leur mission et donc leur type de clientèle. Plus concrètement, il est normal que l’offre alimentaire lors d’une fête de quartier, par exemple, ne soit pas la même que celle dans un établissement de santé.

Audrey Michel : J’aime beaucoup cette notion de plaisir de manger qui doit rester à l’intérieur de la saine alimentation. Si on regarde la seule alimentation en lien avec la sécurité alimentaire et le développement social, ça serait quoi les liens qu’on pourrait faire ?

Claudia L. Tourigny : Tout d’abord, je pense que je dirais que l’un va pas sans l’autre. Tu sais, on aime ça dire « Tout est dans tout », mais je pense que pour cette question-là, je dirais ça. Si je spécifie un petit peu. D’abord, la sécurité alimentaire, ça veut dire que chaque individu doit avoir accès physiquement et financièrement à des aliments de qualité en quantité suffisante. On pourrait penser à tort que le fait de pouvoir manger 3 fois par jour, peu importe le type d’aliment, serait un gage de sécurité alimentaire. L’aspect de qualité réside aussi dans la valeur nutritive des aliments auxquels on a accès. Puis, ces aliments-là doivent aussi répondre à nos goûts, nos besoins et notre culture en cohérence avec la dignité humaine. Donc la sécurité alimentaire, ça inclut aussi plusieurs préoccupations comme le droit à l’alimentation, le développement durable et l’approche basée sur les systèmes alimentaires durables.

Cela étant dit, la sécurité alimentaire, ça fait partie intégrante du développement social qui lui s’appuie plus sur une approche qu’on nomme intersectionnalité. C’est une forme particulière de concertation qui réunit plusieurs partenaires provenant de plusieurs secteurs, entre autres ceux de la santé, de l’emploi, de l’éducation, de la culture, l’économie sociale, des femmes, des jeunes, des aînés, l’immigration, de la politique, on pourrait en nommer d’autres, pour agir sur une même problématique finale.

Audrey Michel : C’est très bien défini. Puis d’ailleurs, nous, au Comité régional en développement social du Centre-du-Québec, la sécurité alimentaire fait partie de nos dossiers prioritaires, si je peux le dire ainsi. Claudia a mentionné brièvement que ça s’appuie aussi sur le développement durable, la saine alimentation. Ève, est-ce que tu pourrais nous parler de c’est quoi les liens entre la saine alimentation et le développement durable ?

Ève Beauregard : Oui, tout à fait. Puis je dirais même, j’ajouterais aussi le lien avec la sécurité alimentaire, parce que c’est tout interrelié ces concepts-là. C’est important de les considérer ensemble. Je vous apprends rien en disant que l’alimentation, c’est un besoin fondamental. Donc on a tous et toutes besoin de manger au quotidien et l’agriculture, en fait, dépend directement des conditions climatiques pour être productive, donc pour nous nourrir. Et vous le savez, face aux changements climatiques, l’agriculture va être de plus en plus fragilisée. Notamment par les sécheresses de plus en plus fréquentes ; notamment en Californie, notre garde-manger ici au Québec durant l’hiver, il manque de l’eau. Ça va aussi être fragilisé également par les insectes ravageurs ou même les inondations. Donc, ces événements climatiques qui vont être de plus en plus fréquents, ça a des répercussions aussi sur les dépenses alimentaires des ménages. Parce qu’on va voir une plus grande volatilité dans les prix de nos aliments. Donc il est clair que toutes les actions durables vont permettre de réduire les impacts négatifs sur la production de notre alimentation et ultimement, le consommateur pour qu’il ait accès économiquement aux aliments.

Puis, si je parle un peu plus du lien entre la saine alimentation et le développement durable : le développement durable, on peut le voir partout dans toutes les étapes de vie des aliments. Donc, si on commence avec la production, on sait que les méthodes de culture plus durables et certifiées biologiques, sont à privilégier parce que… pour savoir que l’agriculture est responsable de 10 à 15 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète. Donc il y a de l’amélioration à faire à ce niveau-là. Notamment dans toute la chaîne, on peut essayer de limiter les emballages aussi, puis d’optimiser le transport. Quand on parle aussi de gaspillage alimentaire, ça aussi, il y en a beaucoup. Puis on a des pertes qui pourraient servir à nourrir des humains là, plutôt que de nourrir nos poubelles. Puis aussi, en règle générale, les aliments qui sont non transformés ont souvent une plus grande valeur nutritive. Puis, ils ont souvent moins subi d’opérations d’emballage, donc moins, aussi, d’impacts négatifs sur l’environnement à ce niveau-là. Sans oublier les consommateurs au bout de la chaîne. Ils ont aussi des actions qu’ils peuvent appliquer. Notamment, les gens sont de plus en plus sensibilisés à réduire leur consommation de protéines animales, parce qu’on sait que les protéines animales consomment davantage — émettent davantage, excusez-moi — des émissions de gaz à effet de serre. Plus que les protéines végétales par exemple. On sait que c’est davantage mis de l’avant, notamment dans le Guide alimentaire canadien. Finalement, on peut tenter de valoriser au maximum nos matières résiduelles pour limiter justement la production de déchets et la pollution qui en découle.

Audrey Michel : Merci beaucoup pour ta réponse, Ève. Je trouve ça intéressant de voir effectivement que oui, on pense développement durable, mais ça a un lien quand même avec la sécurité alimentaire, comme tu le mentionnais, l’accessibilité des aliments, etc. Donc quand Claudia disait « tout est dans tout » tantôt, c’est vrai. Maintenant, justement Claudia, je me tourne vers toi, il y a une chose qu’on appelle le cadre de référence Gazelle et Potiron. Et ce cadre de référence a fait l’ajout d’une nouvelle section sur l’alimentation responsable dernièrement. Est-ce que tu peux nous expliquer dans un premier temps c’est quoi le cadre de référence Gazelle et Potiron ? Et ensuite, c’est quoi les grandes lignes de cette nouvelle section sur l’alimentation responsable ?

Claudia L. Tourigny : Oui. D’abord, le cadre de référence Gazelle et Potiron, c’est un outil de référence qui s’inscrit en cohérence avec le programme pédagogique dans les services de garde éducatifs à l’enfance. Lui, il propose des orientations et des recommandations pour les milieux de garde éducatifs afin de créer des environnements favorables à la saine alimentation, aux jeux actifs et au développement moteur.

Donc ensuite pour ta 2e question, quelles sont les grandes lignes de la nouvelle section qui parle d’alimentation responsable ? Ça vise à sensibiliser les milieux à l’approvisionnement local et aux gestes écoresponsables. Ça comporte 2 orientations principales. Soit de privilégier l’achat d’aliments de valeur nutritive élevée, locaux et responsables et, d’une autre part, de multiplier les gestes pour favoriser un système alimentaire durable. Par exemple, par la révision des processus d’achat, une meilleure gestion des déchets et l’achat d’équipement durable.

Audrey Michel : Super. Puis, la raison pourquoi je voulais poser cette question-là, c’est que je trouve que ça met la table pour parler du projet Les Petits ambassadeurs, qui se déploie actuellement au Centre-du-Québec et qui se déploie dans les centres de la petite enfance. Donc c’est pour ça que je voulais qu’on parle du cadre de référence Gazelle et Potiron. Si on s’intéresse justement à ce projet-là, des Petits ambassadeurs, Ève, est-ce que tu pourrais nous expliquer de quoi il s’agit et d’où ça provient ?

Ève Beauregard : Oui. Les Petits ambassadeurs, c’est une démarche mobilisatrice qui vise à faciliter le maillage entre l’industrie bioalimentaire régionale et les services de garde éducatifs à la petite enfance. Donc, comme Audrey disait, c’est vraiment une démarche qui est destinée aux services de garde éducatifs, qu’on parle des CPE, mais aussi ça s’adresse aux garderies privées subventionnées ou non subventionnées. L’initiative a été développée au départ au Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2016. Et c’est un projet qui est maintenant déployé dans 15 régions partout au Québec. Et au Centre-du-Québec, c’est la TIR qui le porte et ça fait déjà un an et demi qu’on y travaille. Puis, peut-être terminer en disant… en vous partageant la vision du projet des Petits ambassadeurs : c’est de voir tous les enfants au Québec, connaître, célébrer et savourer l’identité alimentaire de leur région et devenir des adultes sensibilisés à la provenance des aliments.

Audrey Michel : C’est une très belle vision et on espère qu’elle sera atteinte bientôt. Et je suis certaine que les Petits ambassadeurs va effectivement contribuer à cette vision-là. Comme tu le mentionnais, c’est la TIR qui coordonne, si on peut dire comme ça, ce projet-là et c’est destiné aux milieux de garde, que ce soit CPE ou milieux privés. À quoi ça ressemble concrètement ? Disons qu’on a un service de garde qui est à l’écoute, puis qui se dit « Ah, moi, ça m’intéresserait ». Peux-tu me parler de ça ressemble à quoi l’accompagnement qui est offert par la TIR ?

Ève Beauregard : Oui. D’abord, d’entrée de jeu, je veux simplement souligner que l’accompagnement qu’on offre, c’est vraiment au rythme du milieu. Donc, il n’y a pas d’échéancier figé dans le temps. C’est vraiment en fonction de la disponibilité de chacun. Mais je vous dirais que la première étape qu’on réalise avec le milieu, c’est vraiment de dresser l’inventaire des achats alimentaires d’une année pour arriver au bout du compte avec un portrait du ratio d’approvisionnement soit régional, québécois et ailleurs.

Donc, avec l’aide de nos partenaires, dont Aliments du Québec, on aide le milieu à identifier la provenance des aliments, parce que cette partie-là peut être un peu plus ardue pour les responsables alimentation. C’est pas toujours évident de savoir où exactement cette marque-là a produit l’aliment. Une fois que le portrait est réalisé et validé, on regarde justement les catégories de produits qui seraient pas atteintes. Donc j’aide le milieu à identifier les entreprises bioalimentaires de la région pour les catégories de produits où un pourcentage d’approvisionnement régional serait exigé.

Puis en parallèle aussi, peut-être mentionner qu’on organise des activités de réseautage en moyenne 2 fois par année. Donc, comment ça fonctionne ces activités-là ? C’est qu’on rassemble, on regroupe l’ensemble des responsables alimentation des services de garde éducatifs participant aux Petits ambassadeurs. Et on invite, un à tour de l’autre, 3 à 4 producteurs différents de la région qui ont une offre intéressante pour les services de garde éducatifs. Donc cette année, depuis le début du projet, on a tenu 3 activités de réseautage.

Et finalement, on a aussi d’autres outils à la disposition des services de garde éducatifs. Par exemple, s’il y a un milieu qui veut s’approvisionner avec une ferme maraîchère pour la saison estivale, on a un modèle d’entente d’approvisionnement estival. Donc, comme ça, c’est sécurisant autant pour le milieu qui s’approvisionne avec une ferme maraîchère, mais autant pour l’entreprise maraîchère qui, elle, ça lui donne un gage qu’une partie de sa production va être vendue à ce milieu-là.

Et finalement, on a un bottin des entreprises bioalimentaires de la région, avec leurs coordonnées. Donc, les milieux peuvent toujours s’y référer s’ils veulent contacter un producteur avec une offre intéressante pour leur menu.

Puis ça, ça compte pas l’accompagnement, justement, qui est offert par Claudia, donc dans tout ce qui a trait au contexte de repas et de l’offre alimentaire saine, mais ça, c’est elle qui va vous en parler un peu plus tard.

Audrey Michel : Merci, c’est un peu plus clair pour moi à quoi ça ressemble cet accompagnement-là qui est offert. Puis je trouve intéressant que c’est offert au rythme du milieu de services de garde éducatifs. Donc vous les accompagnez là où ils sont rendus dans leur processus. Mais, ils peuvent éventuellement devenir accréditer ces CPE qui vont aller jusqu’au bout du processus. Est-ce que tu peux nous parler un peu de l’accréditation ? C’est quoi les critères ou les engagements qu’il faut respecter pour pouvoir devenir accréditer ?

Ève Beauregard : Oui, bien, l’accréditation est pas obligatoire. C’est vraiment volontaire, mais ceux qui souhaitent l’obtenir, justement, il y a 3 engagements à respecter. Puis, peut-être mentionner avant que je vous partage les 3 engagements, mais lorsque le milieu obtient l’accréditation Petits ambassadeurs, il devient automatiquement reconnu Aliments du Québec au menu. Donc, c’est des efforts pour 2 reconnaissances plutôt qu’une.

Donc, au niveau des 3 engagements à respecter pour obtenir l’accréditation Petits ambassadeurs. Premièrement, le milieu doit offrir annuellement aux enfants un minimum de 2 activités éducatives en lien avec le monde agroalimentaire. Donc, par exemple, ça peut être l’aménagement de jardins éducatifs dans la cour extérieure du milieu. Ça peut être aussi une visite à la ferme qui est accompagnée d’une activité d’autocueillette. Ou ça peut être aussi un agriculteur ou une agricultrice qui vient partager la passion de son métier.

Deuxièmement, le service de garde éducatif doit respecter un seuil minimal d’approvisionnement en produits québécois et régionaux de 7 catégories de produits sur 10. Donc c’est vraiment avec le portrait dont je vous ai parlé tout à l’heure que nous pouvons valider cet engagement-là. Puis, je peux donner un exemple rapidement. Mais pour les fameuses catégories d’aliments à respecter, les cibles pour la catégorie céréales et pâtes alimentaires au Centre-du-Québec, on exige un 5 % d’approvisionnement régional parce qu’on sait qu’il y a de la farine disponible ici localement. On exige un 45 % d’approvisionnement québécois et, finalement, on accepte un 50 % qui vient d’ailleurs. Donc ça vous donne une idée. Évidemment à 50 % d’ailleurs, on pense par exemple à l’orge, le quinoa, le riz, qu’on sait évidemment qu’on trouve pas ça ici encore au Québec. Voilà pour les 2 premiers engagements.

Finalement, le dernier, le milieu doit améliorer la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire. Pour ce dernier engagement, c’est vraiment Claudia qui est disponible pour les soutenir dans l’atteinte de cet objectif.

Audrey Michel : Merci beaucoup, Ève. Ça fait justement une belle transition vers ma prochaine question, parce que tu l’as mentionné, c’est Claudia qui va accompagner les milieux pour faire l’analyse nutritionnelle des menus dans le cadre du projet des Petits ambassadeurs. Donc, Claudia, est-ce que tu pourrais nous expliquer en quoi ça consiste cette analyse nutritionnelle ?

Claudia L. Tourigny : D’abord, ça commence par une formation qui est adressée aux responsables en alimentation pour les outiller à évaluer leur menu selon les critères du cadre de référence Gazelle et Potiron. Un exemple de ces critères-là, ça peut être le souci d’avoir une bonne répartition des protéines dans la même semaine pour les dîners, mais aussi d’une semaine à l’autre si on pense par exemple aux enfants qui vont à temps partiel à la garderie ; exemple, le poisson serait toujours le mercredi. On essaie de varier d’une semaine à l’autre que ça soit pas toujours la même journée pour pas qu’un enfant qui vient à temps partiel ait tout le temps le même type de protéine.

Un autre exemple, ça pourrait être par exemple que le CPE doit — je dis CPE, mais le milieu de garde — doit offrir 2 produits céréaliers par jour dans son offre de repas et de collation, et qu’une de ces sources-là doit être à grains entiers. C’est des exemples des critères de Gazelle et Potiron pour l’analyse des menus.

Ensuite, suite à la formation, en fait, les responsables en alimentation, parfois accompagnés de la direction, elles vont effectuer une révision de leur menu. C’est pour venir cibler un peu ce qui pourrait être changé, amélioré selon ce qu’ils ont appris dans la formation. Puis, ce qu’il faut savoir, c’est qu’ils partent de zéro, hein, tu sais. Les menus sont déjà généralement très bien et puis ils ont déjà une bonne base de connaissances. La formation sert juste peut-être à valider leurs connaissances.

Et suite à leur préanalyse, que j’appelle, d’eux-mêmes pour leur menu, moi bien je vais venir compléter l’analyse avec un regard professionnel, en s’assurant qu’il y a des recommandations pour tous les critères. Puis, que si c’est pas tous les critères qui sont remplis, bien que je vais donner des idées de comment ça pourrait être fait. Il faut savoir aussi que ce rapport d’analyse là vient pas avec une obligation de tout changer et encore moins du jour au lendemain. Ça va vraiment au rythme de chaque milieu selon leur désir de changement, mais aussi leurs capacités. Puis, en plus des critères qualitatifs et quantitatifs de Gazelle et Potiron, je vais aussi évaluer la variété des aliments servis, les possibilités d’achats locaux et durables. Puis on va même proposer des solutions pour réduire les coûts et faciliter le travail en cuisine. L’implication des responsables en alimentation, c’est sûr que c’est un incontournable, mais je dirais même aussi des directions parce que les directions ont un rôle aussi à jouer dans leur pouvoir décisionnel fait que c’est bien quand même peut avoir le maillage entre les 2.

Audrey Michel : Merci, Claudia, pour les précisions. Puis, vous me corrigerez si je me trompe, mais cet engagement-là — quand on parle spécifiquement de l’accréditation — d’améliorer la qualité de l’offre alimentaire, c’est une spécificité du Centre-du-Québec. C’est pas quelque chose qu’on retrouve nécessairement dans les autres projets dans les autres régions.

Ève Beauregard : C’est une spécificité de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, étant donné qu’on est des proches voisins là. Puis le CIUSSS, c’est Mauricie Centre-du-Québec. Il y a une nutritionniste aussi là, du côté de la Mauricie, donc oui, c’est une particularité de nos 2 régions. On est bien fiers de cet ajout-là dans le cadre des Petits ambassadeurs. Parce que pour nous ça allait de soi que, oui, notre intention c’était d’intégrer davantage de produits locaux dans les menus des services de garde éducatifs, mais pas à l’encontre d’une moins bonne alimentation auprès des tout-petits. Donc c’est important d’avoir ce regard-là aussi dans le projet.

Audrey Michel : Puis là, j’imagine que… j’ai fait le lien avec l’accréditation, mais comme on disait, l’accréditation c’est un processus qui est volontaire. Donc, on peut, j’imagine, dire « nous on veut s’engager dans ce processus-là, de faire l’analyse nutritionnelle de nos menus » sans nécessairement qu’on vise l’accréditation en bout de ligne.

Ève Beauregard : Tout à fait. C’est possible d’avoir l’accompagnement de Claudia sans nécessairement aller vers l’accréditation.

Audrey Michel : Génial. Justement, parlant d’accréditation, j’aimerais savoir — là on enregistre ça au mois de juin 2022 — à ce jour, Ève, est-ce que tu pourrais me dire combien de milieux de garde ont reçu l’accréditation Les Petits ambassadeurs ?

Ève Beauregard : Je débuterai en mentionnant qu’au total, au Centre-du-Québec, on a 13 services de garde éducatifs qui participent au projet des Petits ambassadeurs, mais ça a fait un total de 25 installations. Parce que, des fois, il y a un CPE, par exemple, qui peut avoir 4 installations. Et ça comprend pas moins de 1 500 ambassadeurs qui sont touchés par ce projet-là au Centre-du-Québec. Et à ce jour-là, en juin, on a 5 milieux qui ont obtenu l’accréditation ou qui sont en voie de l’obtenir. Voilà.

Audrey Michel : Puis, dans ces centres-là, comme tu le mentionnais, il y en a 13 qui sont processus, 5 qui sont accrédités ou en voie de devenir. Ceux qui ont fait le choix de l’accréditation, c’était quoi leur motivation ? Étant donné que c’est une accréditation qui est volontaire, c’est pas une obligation ; pourquoi ils ont choisi de dire « Nous on va jusqu’au bout, puis on va la chercher notre accréditation Les Petits ambassadeurs. » ?

Ève Beauregard : Je dirais que la fierté première à participer au projet, que les milieux soient accrédités ou pas, c’est vraiment d’encourager les producteurs de la région et de faire découvrir ces richesses-là auprès des enfants, mais également auprès du personnel. Donc, oui, l’accréditation c’est comme la récompense qui vient à la suite de l’ensemble des efforts-là qui sont menés par l’équipe au milieu de garde. Mais c’est ça, l’ensemble des milieux, ils sont juste fiers d’encourager nos entreprises locales. Si je réponds vraiment à la motivation au niveau de l’accréditation, c’est certain que pour le milieu ça permet de le faire rayonner et démarquer dans la communauté, de mettre aussi de l’avant l’approche qualité de leur milieu. Puis aussi là, ça peut être une simple motivation de relever un défi. Donc, pour les responsables alimentation qui ont soif de projets, ça les stimule de participer à atteindre l’accréditation des Petits ambassadeurs.

Audrey Michel : Effectivement, j’imagine que c’est très stimulant pour les responsables alimentation. Puis j’imagine que ça l’est pour vous aussi de pouvoir faire une différence concrète auprès de ces enfants-là qui fréquentent ces milieux de garde là. Puis je pense que ça fait aussi peut-être une différence auprès de nos producteurs, productrices qui, eux aussi, vont faire découvrir leurs aliments auprès de nos tout-petits. Fait que je trouve ça vraiment le fun, vraiment intéressant comme projet. Puis j’ai hâte de voir la suite des choses. J’ai hâte de voir la prochaine cohorte lorsqu’elle prendra naissance, de voir comment ça va évoluer et qu’on ait de plus en plus de racines qui vont s’étendre à travers le Centre-du-Québec avec ce projet-là.

On arrive maintenant à la fin de l’entrevue, on vient de parler du projet Les Petits ambassadeurs, qu’est-ce que c’est plus concrètement. Maintenant, j’aimerais ça faire un retour plus en arrière. Et j’ouvre le plancher, vous êtes toutes les 2 libres de répondre à la question. Mais j’aimerais qu’on termine en essayant de faire le pont entre les notions qu’on a évoquées en début d’entrevue, saine alimentation, sécurité alimentaire, développement social, développement durable, et d’expliquer en quoi le projet des Petits ambassadeurs, il exemplifie, il concrétise ces notions.

Claudia L. Tourigny : Je dirais d’abord et avant tout que le projet des Petits ambassadeurs est un bon exemple parce qu’il inclut toutes ces notions-là justement. Si on commence par la saine alimentation, il l’inclut par la valeur nutritive élevée de l’offre alimentaire en CPE, mais aussi par l’augmentation de l’offre de produits frais et variés par le maillage avec des producteurs de la région. Ève, je sais pas si tu veux ajouter quelque chose pour la saine alimentation.

Ève Beauregard : Oui, justement, je donnerais un exemple que j’aime partager, parce que le projet, justement là, démontre vraiment qu’on améliore l’accès à la saine alimentation. C’est justement un CPE qui a établi un maillage avec une entreprise maraîchère l’été dernier. C’est un milieu qui offre les légumes à volonté le midi. Puis, ils ont clairement constaté depuis qu’ils ont eu les nouveaux aliments frais de la ferme maraîchère dans leur menu, ils ont constaté littéralement une hausse de la consommation des légumes le midi. Donc on voit que les enfants et ils trouvent ça savoureux d’avoir des légumes qui ont été cueillis, par exemple, la veille ou le matin même. Donc c’est plus savoureux, c’est plus goûteux, donc c’est un super bel exemple qui démontre justement que Les Petits ambassadeurs permet d’augmenter la saine alimentation auprès des tout-petits.

Claudia L. Tourigny : Si je poursuis là avec la notion de sécurité alimentaire, ça a un lien direct avec l’achat local. Puis l’achat local, c’est un pas de plus vers l’autonomie alimentaire. On n’est pas rendu là, mais il reste que c’est un pas vers ça. L’offre en milieu de garde aussi, bien, c’est accessible pour tous. Donc ça revient à la sécurité alimentaire ; de dire que ça augmente l’accès comme, Ève le disait, physique aux aliments sains. Puis je dirais même que ça amène à la découverte du monde bioalimentaire, donc ça augmente la littératie alimentaire. Littératie alimentaire qui est un grand terme pour désigner en fait plusieurs notions, mais de connaissances en termes d’alimentation, autant de comment cuisiner les aliments que d’où ils proviennent, comment les cueillir. Puis, justement, Ève parlait des activités éducatives dans l’accréditation. Ben ça, ça augmente d’autant plus cette littératie alimentaire là.

Ève Beauregard : Notamment, par exemple, si les enfants vont faire des visites à la ferme. Donc ils vont voir concrètement comment poussent les carottes, comment arrivent les œufs dans les boîtes de carton ; ben ça commence par une poule. Donc, c’est vraiment une façon de mettre les enfants en contact direct avec la terre. Puis, comment c’est produit tout ce qu’ils mangent dans leur assiette.

Claudia L. Tourigny : Si je poursuis avec le développement social, c’est sûr que ça appelle d’abord et avant tout la solidarité des communautés. Notamment par la valorisation du travail des producteurs locaux, mais aussi le soutien au développement économique local par, bien sûr, l’augmentation de la part d’achat local.

Ève Beauregard : Oui, ça, c’est un peu en lien avec… c’est autant en lien que la sécurité alimentaire que le développement social, mais peut-être mentionner là… mais Claudia en a fait mention tout à l’heure, mais c’est ça. Dans le fond, les enfants, peu importe leur statut socio-économique, ils vont bénéficier des repas et des collations qui vont être sains, savoureux, nutritifs au quotidien. Donc ça, c’est important de le mentionner parce que ça permet justement un accès facilement à la saine alimentation, peu importe leur statut socio-économique. Puis, il faut savoir que, dans le cadre du projet, on a quelques centres à la petite enfance qui sont situés justement à l’intérieur de zones qualifiées de très défavorisées ou défavorisées. Donc ces enfants, malgré leur statut socio-économique, ils vont manger la même chose que l’ensemble des enfants là, qui sont au milieu.

Claudia L. Tourigny : Donc on a parlé beaucoup d’accès physique, mais ça, c’est un bon exemple qui démontre l’augmentation de l’accès économique aussi. Puis finalement, on a parlé de la notion de développement durable, Ève l’a détaillé pas mal. Mais si je me rapporte vraiment au projet des Petits ambassadeurs, mais c’est sûr qu’on parle de circuit court. Donc on va directement aux producteurs, on élimine les longs transports. Et donc pour la question d’écoresponsabilité aussi. Puis, bien sûr, moins d’emballage. Quand on prend pas d’un fournisseur puis qu’on va directement à la ferme, on élimine aussi tout ce qui est papier saranwrap, petits contenants de styromousse, etc. On y va vraiment au plus simple. Donc, par rapport au développement durable, c’est ce qui m’interpelle là, pour ma part. Je sais pas, Ève, si tu voulais compléter.

Ève Beauregard : Ben non, mais c’est ça. Je conclurai peut-être en disant que le projet des Petits ambassadeurs, ça l’a vraiment des bénéfices sur autant le plan social, avec la santé au niveau de la saine alimentation, qu’on y apporte autant sur le plan économique où on va encourager l’économie locale, donc les producteurs, transformateurs de la région. Et évidemment, sur le plan environnemental, parce que, comme Claudia le disait, en achetant local, on réduit drastiquement le transport du lieu de production au lieu de consommation. Puis aussi il y a une tendance qu’au niveau de l’alimentation locale qui peut, effectivement, avoir moins d’emballages au bout de la ligne. Donc c’est ce que je rajouterai.

Audrey Michel : Je pense que ça résume bien tout ce qui vient d’être nommé. Je pense que ça fait une belle conclusion de ce beau projet-là. Puis moi, j’ai appris un nouveau terme aujourd’hui, qui est la « littératie alimentaire ». Donc, j’ajoute ça à mon vocabulaire.

Donc c’est ce qui conclut l’entrevue d’aujourd’hui. Je vous remercie beaucoup. Merci Claudia, merci Ève.

Claudia L. Tourigny : Ça fait plaisir.

Ève Beauregard : Merci à toi.

Audrey Michel : Et pour les auditeurs et auditrices, on se revoit dans le prochain épisode pour traiter d’une nouvelle thématique. Donc, restez à l’affût et, comme toujours, je vous invite à aller vous abonner au podcast pour ne jamais manquer des superbes entrevues comme celle qu’on vient de vivre aujourd’hui. À la prochaine !

[DÉBUT DU THÈME MUSICAL]

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Cette balado et les activités du Comité régional en développement social du Centre-du-Québec sont rendus possibles dans le cadre d’une entente de collaboration avec la contribution financière de la MRC d’Arthabaska, la MRC de Bécancour, la MRC de Drummond, la MRC de L’Érable, la MRC de Nicolet-Yamaska, Centraide Centre-du-Québec et le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.

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[FIN DU THÈME MUSICAL]